In 1978, Foucault contributed an introduction to the English translation of Georges Canguilhem’s The Normal and the Pathological. The French version is included in Dits et écrits as text 219. (No translator is indicated, which suggests the editors had access to the original French text.) Right at the end of his life, Foucault revised the text for a theme issue of Revue de métaphysique et de morale, published after his death and reprinted as Dits et écrits text 364. An online version of the latter is here. The second text was translated in Essential Works as “Life: Experience and Science”, Vol 2, 465-78.

In an editorial note Dits et écrits says “Épuisé, il ne put que modifier la préface… Il remit ce texte fin avril 1984; ce fut donc le dernier auquel il donna son imprimatur [Exhausted, he could only modify the preface… He submitted this text at the end of April 1984; it was therefore the last he approved for publication]”.
As far as I know, nobody has compared the two texts to see the modifications Foucault made. Many are minor, but some are more interesting. Minor changes to punctuation, Georges replaced by G., etc. are not noted below, but I hope all the other changes are. Corrections and additions are of course welcome.
The 1978 text is in Dits et écrits III, 429-42 (Quarto II, 429-42); the 1985 revision is Dits et écrits IV, 763-76 (Quarto II, 1582-95). The first is translated in The Normal and the Pathological, 7-24; the second in Essential Works as “Life: Experience and Science”, Vol 2, 465-78.
References below are to the four-volume Dits et écrits (DE III and IV) and to the Quarto edition (Q II). The pages of DE III are the same in Q II. The relevant pages of the English translations are noted: The Normal and the Pathological (NP) and Essential Works 2 (EW 2).
1978: DE III/Q II, 429: Tout le monde sait qu’en France il y a peu de logiciens, mais beaucoup d’historiens des sciences. Et qu’ils ont dans l’institution philosophique… NP 7.
1985: DE IV, 763; Q II, 1582: Tout le monde sait qu’en France il y a peu de logiciens, mais qu’il y a eu un nombre non négligeable d’historiens des sciences. On sait aussi qu’ils ont occupé dans l’institution philosophique… EW 2, 465.
1978: DE III/Q II, 429 : Mais sais-on au juste l’importance qu’a pu avoir, au cours de ces quinze ou vingt dernières années, et jusqu’aux frontières de l’institution, chez ceux-là mêmes qui s’en détachaient ou la contestaient, un travail comme celui de Georges Canguilhem ? Oui, je sais, il y a… NP 7.
1985: DE IV, 763; Q II, 1582 : Mais on sait peut-être moins bien ce qu’a été au juste, pendant ces vingt ou trente années, et jusqu’aux frontières de l’institution, chez ceux-là mêmes qui s’en détachaient ou la contestaient, un travail comme celui de G. Canguilhem ? Il y a eu… EW 2, 465.
1978: DE III/Q II, 429 : … dont l’œuvre est austère, volontairement et soigneusement limitée à un domaine particulier d’une histoire des sciences… NP 7-8.
1985: DE IV, 763; Q II, 1582 : … dont l’œuvre est austère, volontairement bien délimitée et soigneusement vouée à un domaine particulier dans une histoire des sciences… EW 2, 465.
1978: DE III/Q II, 429 : … à Althusser, à l’althussérisme et à toute une série de discussions qui on lieu chez les marxistes français ; vous ne saisissez plus ce qu’il y a de spécifique… NP 8.
1985: DE IV 763-64; Q II, 1582-83 : … à toute une série de discussions qui on lieu chez les marxistes français ; vous ne saisissez pas, non plus ce qu’il y a de spécifique… EW 2, 466.
[the mention of Althusser and Althusserians is missing in 1985]
1978: DE III/Q II, 430 : D’un côté, une filière qui est celle de Sartre et de Merleau-Ponty ; et puis un autre qui est celle de Cavaillès, de Bachelard, et de Canguilhem. NP 8.
1985: DE IV 764; Q II, 1583 : D’un côté, une filiation qui est celle de Sartre et de Merleau-Ponty ; et puis un autre qui est celle de Cavaillès, de Bachelard, de Koyré et de Canguilhem. EW 2, 466.
[Koyré is added to this list in 1985, although he is associated with this lineage elsewhere in the 1978 essay]
1978: DE III/Q II, 430 : En d’autres termes, il s’agit de deux modalités selon lesquelles on a repris, en France, la phénoménologie, lorsque, bien tardivement, vers 1930, elle a commencé enfin à être sinon connue, du moins reconnue. La philosophie contemporaine en France débuta dans ces années-là. Les Méditations cartésiennes prononcées en 1929, traduites et publiées en 1931, marquent ce moment : la phénoménologie pénètre en France par ce texte ; mais il en permet deux lectures : l’une dans la direction d’un philosophie du sujet – et ce sera l’article de Sartre sur la « Transcendance de l’ego », en 1935 ; et l’autre qui remontera vers les problèmes fondateurs de la pensée de Husserl, ceux du formalisme et de l’intuitionnisme – et ce sera, en 1938, les deux thèses de Cavaillès sur la Méthode axiomatique et sur laFormation de la théorie des ensembles. Quels qu’aient pu être par la suite, les déplacements, les ramifications, les interférences, les rapprochements même, ces deux formes de pensée ont constitué en France deux trames qui sont restées profondément hétérogènes. NP 8-9.
1985: DE IV, 764; Q II, 1583 : Sans doute, ce clivage vient de loin et on pourrait en faire remonter la trace à travers le XIXe siècle : Bergson et Poincaré, Lachelier et Couturat, Maine de Biran et Comte. Et, en tout cas, il était à ce point constitué au XXe siècle que c’est à travers lui que la phénoménologie a été reçue en France. Prononcées en 1929, modifiées, traduites et publiées peu après, les Méditations cartésiennes ont été très tôt l’enjeu de deux lectures possibles : l’une qui, dans la direction d’une philosophie du sujet, cherchait à radicaliser Husserl et ne devait pas tarder à rencontrer les questions de Sein und Zeit : c’est l’article de Sartre sur la « Transcendance de l’ego », en 1935 ; l’autre qui remontera vers les problèmes fondateurs de la pensée de Husserl, ceux du formalisme et de l’intuitionnisme ; et ce sera, en 1938, les deux thèses de Cavaillès sur la Méthode axiomatique et sur La Formation de la théorie des ensembles. Quels qu’aient pu être, par la suite, les ramifications, les interférences, les rapprochements mêmes, ces deux formes de pensée ont constitué en France deux trames qui sont demeurées, pendant un temps au moins, assez profondément hétérogènes. EW 2, 466.
[This twofold lineage of phenomenology in France is interesting, and part of Foucault’s contrast between philosophy of the concept and philosophy of consciousness. There are complications with the figures he mentions though, with Canguilhem’s philosophy of life as well as the knowledge of it; Koyré’s work on religious thought and mysticism as well as physics and astronomy; Bachelard’s poetic writings alongside those on the sciences; Merleau-Ponty’s psychological writings, and so on.]
1978: DE III/Q II, 430-31: En apparence, la seconde est restée à la fois la plus théoricienne, la plus repliée sur des tâches spéculatives, la plus universitaire aussi. Et pourtant, c’est elle a joué le rôle le plus important au cours des années soixante, au moment où s’amorçait une crise qui n’était pas seulement celle de l’Université, mais celle du statut et du rôle du savoir. Il faut se demander pourquoi un tel type de réflexion a pu, en suivant sa logique propre, se trouver ainsi profondément lié au présent. NP 9.
1985: DE IV, 764-65; Q II, 1583-84: En apparence, la seconde est restée à la fois la plus théoricienne, la plus réglée sur des tâches spéculatives, la plus éloignée aussi des interrogations politiques immédiates. Et pourtant, c’est elle qui, pendant la guerre, a pris part, et de façon très directe, au combat, comme si la question du fondement de la rationalité ne pouvait pas être dissociée de l’interrogation sur les conditions actuelles de son existence. C’est elle aussi qui a joué au cours des années soixante un rôle décisif dans une crise qui n’était pas simplement celle de l’Université, mais celle du statut et du rôle du savoir. On peut se demander pourquoi un tel type de réflexion a pu, en suivant sa logique propre, se trouver ainsi profondément lié au présent. EW 2, 467.
[It is interesting that Foucault adds the part about the war in 1984. In 1983 in “Politics and Ethics: An Interview” he had contrasted Cavaillès’s resistance with the non-action of “the philosophers of engagement – Sartre, Simone de Beauvoir”. He might have added Canguilhem’s role in the resistance and Koyré’s role as secrétaire général of the École libre des hautes études]
1978: DE III/Q II, 431: L’une des raisons principales tient sans doute à ceci : l’histoire des sciences met en œuvre l’un des thèmes qui s’est introduit de façon presque subreptice dans la philosophie à la fin du XVIIIesiècle ; pour la première fois, on posait à la pensée rationnelle la question non seulement de sa nature, de son fondement, de ses pouvoirs et de ses droits, mais celle de son histoire et de sa géographie, celle de son passé immédiat et de son actualité ; celle de son moment et de son lieu. Cette question, c’est celle à laquelle Mendelssohn, puis Kant ont essayé de répondre, en 1784, dans la Berlinische Monatsschrift : Was ist Aufklärung ? Ces deux textes inaugurant un « journalisme philosophique » qui fut, avec l’enseignement universitaire, une des grandes formes d’implantation institutionnelle de la philosophie au XIXe siècle (et on sait combien il a été fécond à certains moments, comme dans les années 1840 en Allemagne). Ils ouvrent aussi à la philosophie toute une dimension historico-critique. Et ce travail comporte toujours deux objectifs qui, de fait, ne peuvent se dissocier et renvoient sans cesse l’un à l’autre : d’une part, chercher quel a été (dans sa chronologie, dans ses éléments constituants, dans ses conditions historiques) le moment où l’Occident pour la première fois a affirmé l’autonomie et la souveraineté de sa propre rationalité : Réforme luthérienne, révolution copernicienne, philosophie de Descartes, mathématisation galiléenne de la nature, physique newtonienne ? D’autre part, analyser le « moment présent » et chercher, en fonction de ce qu’a été l’histoire de cette raison, en fonction aussi de ce que peut être on bilan actuel, quel rapport il faut étudier à ce geste fondateur : redécouverte, reprise d’un sens oublié, achèvement, ou rupture, retour à un moment antérieur, etc. NP 9-10.
1985: DE IV, 765-66; Q II, 1584 : L’une des raisons principales tient sans doute à ceci : l’histoire des sciences doit sa dignité philosophique au fait qu’elle met en œuvre l’un des thèmes qui s’est introduit de façon sans doute un peu subreptice et comme par accident dans la philosophie du XVIIIe siècle. Pour la première fois, à cette époque, on a posé à la pensée rationnelle la question non seulement de sa nature, de son fondement, de ses pouvoirs et de ses droits, mais celle de son histoire et de sa géographie, celle de son passé immédiat et de ses conditions d’exercice, celle de son moment, de son lieu et de son actualité. De cette question par laquelle la philosophie a fait, de sa forme présente et du lien à son contexte, une interrogation essentielle, on peut prendre pour symbole le débat qui s’est noué dans la Berlinische Monatsschrift et qui avait pour thème : Was ist Aufklärung ? À cette question Mendelssohn puis Kant, chacun de son côté, ont apporté une réponse.
Cette question fut sans doute entendue d’abord comme une interrogation relativement accessoire : on y questionnait la philosophie sur la forme qu’elle pouvait revêtir, sur sa figure du moment et sur les effets qu’on devait en attendre. Mais il se révéla vite que la réponse qu’on lui apportait risquait fort d’aller bien au-delà. On faisait de l’Aufklärung le moment où la philosophie trouvait la possibilité de se constituer comme la figure déterminante d’une époque, et où cette époque devenait la forme d’accomplissement de cette philosophie. La philosophie pouvait être lue aussi bien comme n’étant rien d’autre que la composition des traits particuliers à la période où elle apparaissait, elle en était la figure cohérente, la systématisation et la forme réfléchie ; mais, d’un autre côté, l’époque apparaissait comme n’étant rien d’autre que l’émergence et la manifestation, dans ses traits fondamentaux, de ce qu’était en son essence la philosophie. La philosophie apparaît alors aussi bien comme un élément plus ou moins révélateur des significations d’une époque, ou au contraire comme la loi générale qui fixait pour chaque époque la figure qu’elle devait avoir. La lecture de la philosophie dans le cadre d’une histoire générale et son interprétation comme principe de déchiffrement de toute succession historique sont devenues alors simultanément possibles. Et, du coup, la question du « moment présent » devient pour la philosophie une interrogation dont elle ne peut plus se séparer : dans quelle mesure ce « moment » relève-t-il d’un processus historique général et dans quelle mesure la philosophie est-elle le point où l’histoire elle-même doit se déchiffrer dans ses conditions ? EW 2, 467-68.
[Foucault returned to Kant’s essay on several occasions. The 1978 Introduction is one of the first, alongside “What is Critique?” from the same year. By 1984 he had lectured on this again, and written the “What is Enlightenment?” essay.]
1978: DE III/Q II, 431 : Il faudrait sans doute chercher… NP 10.
1985: DE IV, 766; Q II, 1585 : L’histoire est devenue alors l’un des problèmes majeurs de la philosophie. Il faudrait san doute chercher… EW 2, 468.
1978: DE III/Q II, 432 : … (avec un moment privilégié : la Reforme ; et un problème central… NP 10.
1985: DE IV, 766; Q II, 1585 : … (avec un problème central… EW 2, 468.
1978: DE III/Q II, 432 : … la question philosophique de l’Aufklärung ; après tout le positivisme de Comte… NP 10.
1985: DE IV 766; Q II, 1585 : … la question philosophique de l’Aufklärung ; d’une certaine façon, les critiques de Saint-Simon, le positivisme de Comte… EW 2, 468
1978: DE III/Q II, 432 : … constitution d’un savoir rationnel… NP 11.
1985: DE IV, 766; Q II, 1585 : … constitution d’un pouvoir rationnel… EW 2, 468
[!!]
1978: DE III/Q II, 432 : … c’est sous cette forme qu’à travers le positivisme (et ceux qui se sont opposés à lui), à travers Duhem, Poincaré, les débats tapageurs sur le scientisme et les discussions académiques sur la science médiévale, la question de l’Aufklärung s’est transmise en France. NP 11.
1985: DE IV, 766-67 ; Q II, 1585-86 :… c’est sous cette forme qu’à travers le positivisme et ceux qui se sont opposés à lui, à travers les débats tapageurs sur le scientisme et les discussions sur la science médiévale, la question de l’Aufklärung s’est transmise en France. EW 2, 468.
1978: DE III/Q II, 432 : S’il j’ai insisté sur ces points, c’est pour montrer que, depuis un siècle et demi en France, l’histoire des sciences… NP 11.
1985: DE IV, 767; Q II, 1586 : Depuis un siècle et demi, l’histoire des sciences… EW 2, 469.
1978: DE III/Q II, 432 : Des œuvres comme celles de Koyré, de Bachelard, ou de Canguilhem… NP 11.
1985 DE IV, 767; Q II, 1586: Des œuvres comme celles de Koyré, Bachelard, Cavaillès ou Canguilhem… EW 2, 469.
[although the order changes, this shows Koyré was intended as a part of this lineage in 1978 – see the change above]
1978: DE III/Q II, 432-33 : S’il fallait chercher hors de France quelque chose qui corresponde au travail de Cavaillès, de Koyré, de Bachelard et de Canguilhem… NP 11.
1985: DE IV, 767; Q II, 1586 : S’il fallait chercher hors de France quelque chose qui corresponde au travail de Koyré, de Bachelard, de Cavaillès et de Canguilhem… EW 2, 469.
1978: DE III/Q II, 433 : … on s’est mis à demander l’Occident…
1985: DE IV, 768; Q II, 1587 : … on s’est mis à demander, en Occident et à l’Occident… See EW 2, 469 which follows the 1978 version.
1978: DE III/Q II, 433 : … mais comme manière de l’interroger sur ses limites et sur les pouvoirs dont il a abusé. La raison, comme lumière despotique. NP 12.
1985: DE IV, 768; Q II, 1587 : … mais comme manière de l’interroger sur ses limites et sur les pouvoirs dont il a usé. La raison à la fois comme despotisme et comme lumière. EW 2, 470.
1978: DE III/Q II, 433 : … une place si centrale, même si son rôle est resté assez secret. NP 13.
1985: DE IV, 768; Q II, 1587 : … une place si centrale. EW 2, 470.
1978: DE III/Q II, 434 : Dans l’histoire des sciences, telle qu’elle était pratiquée en France, Georges Canguilhem a opéré un déplacement significatif. Pour dire la chose en gros, l’histoire des sciences s’occupait de préférence, sinon exclusivement, de quelques disciplines « nobles » – par l’ancienneté de leur fondation, par leur haut degré de formalisation et leur aptitude à se mathématiser, par la place privilégiée qu’elles occupaient dans la hiérarchie positiviste des sciences. À rester ainsi tout près de ces sciences qui, depuis les Grecs jusqu’à Leibniz, avaient en somme fait corps avec la philosophie, l’histoire des sciences masquait ce qu’elle se croyait obligée de faire oublier : qu’elle n’était pas la philosophie. Georges Canguilhem a centré à peu près tout son travail sur l’histoire de la biologie et de la médecine… NP 13.
1985 DE IV, 768; Q II, 1587 : Pour dire les choses très grossièrement, l’histoire des sciences s’est occupée longtemps (par préférence, sinon exclusivement) de quelques disciplines « nobles » et qui tenaient leur dignité de l’ancienneté de leur fondation, de leur haut degré de formalisation, de leur aptitude à se mathématiser et de la place privilégiée qu’elles occupaient dans la hiérarchie positiviste des sciences. À rester ainsi tout près de ces connaissances, qui, depuis les Grecs jusqu’à Leibniz, avaient en somme fait corps avec la philosophie, l’histoire des sciences esquivait la question qui était pour elle centrale et qui concernait son rapport avec la philosophie. G. Canguilhem a retourné le problème ; il a centré l’essentiel de son travail sur l’histoire de la biologie et sur celle de la médecine… EW 2, 470.
1978: DE III/Q II, 434 : … vers des régions moyennes où les connaissances sont beaucoup moins déductives, beaucoup plus dépendantes de processus externes (incitations économiques ou supports institutionnels), et où elles sont restées liées, pendant beaucoup plus longtemps, aux prestiges de l’imagination. NP 13.
1985: DE IV, 768-69; Q II, 1587-88 : vers des régions où les connaissances sont beaucoup moins déductives, où elles sont restées liées, pendant beaucoup plus longtemps, aux prestiges de l’imagination, et où elles ont posé une série de questions beaucoup plus étrangères aux habitudes philosophiques. EW 2, 470.
1978: DE III/Q II, 434 : c’est l’extrême rapidité de certains progrès qu’on n’attendait guère, c’est la distance… NP 14.
1985: DE IV, 769; Q II, 1588 : l’extrême rapidité de certains progrès qu’on n’attendait guère, la distance… EW 2, 470-71.
1978: DE III/Q II, 435 : … d’une nouvelle façon de « dire vrai », une des conditions de possibilité… « révolutions » scientifiques … NP 15.
1985: DE IV, 770; Q II, 1581 : … d’une nouvelle façon de « dire vrai ». L’une des conditions de possibilité… « révolutions scientifiques »… EW 2, 471.
1978: DE III/Q II, 436 : En somme, l’histoire des discontinuités n’est pas acquise une fois pour toutes ; elle est elle-même « impermanente » et discontinue. NP 15.
1985: DE IV, 770; Q II, 1581 : En somme, l’histoire des discontinuités n’est pas acquise une fois pour toutes ; elle est discontinue ; elle doit sans cesse être reprise à nouveaux frais. EW 2, 472.
1978: DE III/Q II, 436 : C’est là l’un des points fondamentaux de la méthode de G. Canguilhem : l’histoire des sciences ne peut se constituer… NP 16.
1985: DE IV, 771; Q II, 1582 : C’est là l’un des points fondamentaux de la méthode de G. Canguilhem.
L’histoire des sciences ne peut se constituer… EW 2, 472.
1978: DE III/Q II, 436-37 : Ce n’est pas en prenant appui sur une « science normale » au sens de T.S. Kuhn qu’on peut se retourner vers le passé et en tracer valablement l’histoire… NP 16.
1985: DE IV, 771; Q II, 1582 : Ce n’est pas en prenant appui sur une « science normale » qu’on peut se retourner vers le passé et en tracer valablement l’histoire… EW 2, 473.
[interesting that Kuhn is removed in 1985 – this is the only mention of him in this essay. In one of the very few other mentions of Kuhn, in his response to George Steiner’s review of The Order of Things, Foucault says he has read him, but cited Canguilhem, who inspired Kuhn, instead.]
1978: DE III/Q II, 437 : L’histoire des sciences, dit Canguilhem, citant Suzanne Bachelard… NP 16.
1985: DE IV, 771; Q II, 1582 : L’histoire des sciences, dit Canguilhem, qui cite Suzanne Bachelard… EW 2, 473.
1978: DE III/Q II, 437-38 : Or, en replaçant dans cette perspective historico-épistémologique les sciences de la vie, G. Canguilhem fait apparaître un certain nombre de traits essentiels ; ils en singularisent le développement par rapport à celui des autres sciences ; et ils posent à leurs historiens des problèmes spécifiques. On avait pu croire, à peu près à l’époque de Bichat, qu’entre une physiologie étudiant les phénomènes de la vie et une pathologie vouée à l’analyse des maladies, on allait enfin séparer ce qui était resté longtemps mêlé dans l’esprit de ceux qui étudiaient le corps humain pour le « guérir » ; et que, ainsi affranchi de tout souci immédiat de pratique et de tout jugement de valeur quant au bon et au mauvais fonctionnement de l’organisme, on allait enfin pouvoir développer une « science de la vie » pure et rigoureuse. Mais il s’est avéré qu’il est impossible de constituer une science du vivant sans que soit prise en compte, comme essentielle à son objet, la possibilité de la maladie, de la mort, de la monstruosité, de l’anomalie et de l’erreur (même si la génétique donne à ce dernier mot un tout autre sens que celui auquel pensaient les médecins du XVIIe siècle quand ils parlaient d’erreur de la nature). C’est que le vivant comporte des procédures d’autorégulation et d’autoconservation ; on peut bien connaître, avec de plus en plus de finesse, les mécanismes physico-chimiques qui les assurent ; ils n’en trouvent pas moins leur place dans une spécificité que les sciences de la vie ont à prendre en compte, sauf à effacer elles-mêmes ce qui constitue justement leur objet et leur domaine propre. NP 17-18.
1985: DE IV, 772; Q II, 1583 : Or, en replaçant dans cette perspective historico-épistémologique les sciences de la vie, Georges Canguilhem fait apparaître un certain nombre de traits essentiels qui en singularisent le développement par rapport à celui des autres sciences et qui posent à leurs historiens des problèmes spécifiques. On avait pu croire, en effet, qu’à la fin du XVIIIe siècle, entre une physiologie étudiant les phénomènes de la vie et une pathologie vouée à l’analyse des maladies, on pourrait trouver l’élément commun qui permettrait de penser comme une unité les processus normaux et ceux qui marquent les modifications morbides. De Bichat à Claude Bernard, de l’analyse des fièvres à la pathologie du foie et de ses fonctions, un immense domaine s’était ouvert qui semblait promettre l’unité d’une physiopathologie et un accès à la compréhension des phénomènes morbides à partir de l’analyse des processus normaux. De l’organisme sain on attendait qu’il donne le cadre général où les phénomènes pathologiques s’enracinaient et prenaient, pour un temps, leur forme propre. Cette pathologie sur fond de normalité a, semble-t-il, caractérisé pendant longtemps toute la pensée médicale.
Mais il y a dans la connaissance de la vie des phénomènes qui la tiennent à distance de toute la connaissance qui peut se référer aux domaines physico-chimiques ; c’est qu’elle n’a pu trouver le principe de son développement que dans l’interrogation sur les phénomènes pathologiques. Il a été impossible de constituer une science du vivant sans que soit prise en compte, comme essentielle à son objet, la possibilité de la maladie, de la mort, de la monstruosité, de l’anomalie et de l’erreur. On peut bien connaître, avec de plus en plus de finesse, les mécanismes physico-chimiques qui les assurent ; ils n’en trouvent pas moins leur place dans une spécificité que les sciences de la vie ont à prendre en compte, sauf à effacer elles-mêmes ce qui constitue justement leur objet et leur domaine propre. EW 2, 473-74.
1978: DE III/Q II, 438 : De là, dans l’histoire des sciences de la vie, un fait paradoxal. C’est que si le procès de « scientificisation » s’est bien fait par la mise en lumière des mécanismes physiques et chimiques, par la constitution de domaines comme la chimie des cellules et des molécules, ou comme la biophysique, par l’utilisation de modèles mathématiques, etc., en revanche, il n’a pu se dérouler que dans la mesure où était sans cesse relancé comme un défi le problème de la spécificité de la maladie et du seuil qu’elle marque parmi tous les êtres naturels. Cela ne veut pas dire que le « vitalisme » soit vrai… NP 18.
1985: DE IV, 772-73; Q II, 1591-92 : De là, dans les sciences de la vie, un fait paradoxal. C’est que si le procès de leur constitution s’est bien fait par la mise en lumière des mécanismes physiques et chimiques, par la constitution de domaines comme la chimie des cellules et des molécules, par l’utilisation de modèles mathématiques, etc., en revanche, il n’a pu se dérouler que dans la mesure où était sans cesse relancé comme un défi le problème de la spécificité de la maladie et du seuil qu’elle marque parmi tous les êtres naturels. Cela ne veut pas dire que le vitalisme soit vrai… EW 2, 474.
1978: DE III/Q II, 438-39 : En grossissant beaucoup, on pourrait dire que le problème constant de G. Canguilhem… NP 18-19.
… c’est celui de la constitution de l’objet et de la formation du concept.
1985: DE IV, 773; Q II, 1592 : this entire passage, just over a page, is entirely cut. See EW 2, 474.
1978: DE III/Q II, 439 : Les sciences de la vie appellent une certaine manière de faire leur histoire. NP 20.
1985: DE IV, 773; Q II, 1592 : 4) Les sciences de la vie appellent une certaine manière de faire leur histoire. [section 4 begins in 1978 within the section cut] EW 2, 474.
1978: DE III/Q II, 440 : …une innovation qu’on jugera, comme on veut, infime ou considérable : un type bien particulier d’information. NP 21.
1985: DE IV, 774; Q II, 1593 : …une innovation qu’on jugera, comme on voudra, infime ou considérable : un type bien particulier d’information. EW 2, 475.
1978: DE III/Q II, 441 : Et, au centre de ces problèmes, il y a celui de l’erreur. NP 21.
1985: DE IV, 774; Q II, 1593: Au centre de ces problèmes, il y a celui de l’erreur. EW 2, 476.
1978: DE III/Q II, 441 : À la limite, la vie, c’est ce qui est capable d’erreur. NP 22.
1985: DE IV, 774; Q II, 1593 : À la limite, la vie – de là son caractère radical – c’est ce qui est capable d’erreur. EW 2, 476.
1978: DE III/Q II, 441 : À elle aussi qu’il faut demander compte des mutations et des processus évolutifs qu’elle induise. À elle aussi qu’il faut demander compte de cette mutation singulière, de cette « erreur héréditaire » qui fait que la vie a abouti avec l’homme à un vivant qui ne se trouve jamais tout à fait à sa place, à un vivant voué à « errer » et destiné finalement à l’ « erreur ». Et si on admet que le concept… NP 22.
1985: DE IV, 774; Q II, 1593 : À elle aussi qu’il faut demander compte des mutations et des processus évolutifs qu’elles induisent. Elle également qu’il faut interroger sur cette erreur singulière, mais héréditaire, qui fait que la vie a abouti avec l’homme à un vivant qui ne se trouve jamais tout à fait à sa place, à un vivant qui est voué à « errer » et à « se tromper ».
Et si on admet que le concept… EW 2, 476.
1978: DE III/Q II, 441 : … c’est que là encore l’« erreur » constitue non pas l’oubli ou le retard d’une vérité, mais la dimension propre à la vie des hommes et indispensable au temps de l’espèce. NP 22.
1985: DE IV, 775; Q II, 1594 : … c’est que là encore l’« erreur » constitue non pas l’oubli ou le retard de l’accomplissement promis, mais la dimension propre à la vie des hommes et indispensable au temps de l’espèce. EW 2, 476.
1978: DE III/Q II, 441 : Canguilhem dirait peut-être, lui qui est loin et proche à la fois de Nietzsche, qu’elle est, sur l’énorme calendrier de la vie, la plus récente erreur ; il dirait que le partage vrai-faux ainsi que la valeur accordée à la vérité constituent la plus singulière manière de vivre qu’ait pu inventer une vie qui, du fond de son origine, portait en soi l’éventualité de l’erreur. NP 22.
1985: DE IV, 775; Q II, 1594 : Canguilhem dirait peut-être, lui qui est loin et proche à la fois de Nietzsche, qu’elle est, sur l’énorme calendrier de la vie, la plus récente erreur ; ou, plus exactement, il dirait que le partage vrai-faux ainsi que la valeur accordée à la vérité constituent la plus singulière manière de vivre qu’ait pu inventer une vie qui, du fond de son origine, portait en soi l’éventualité de l’erreur. EW 2, 476-77.
1978: DE III/Q II, 442 : On comprend pourquoi la pensée de G. Canguilhem, son travail d’historien et de philosophe, a pu avoir une importance si décisive en France pour tous ceux qui, à partir de points de vue si différents (qu’il s’agisse de théoriciens du marxisme, de la psychanalyse ou de la linguistique), ont essayé de repenser la question du sujet. La phénoménologie pouvait bien introduire, dans le champ de l’analyse, le corps, la sexualité, la mort, le monde perçu ; le Cogito y demeurait central ; ni la rationalité de la science, ni la spécificité des sciences de la vie ne pouvaient en compromettre le rôle fondateur. C’est à cette philosophie du sens, du sujet et du vécu que G. Canguilhem a opposé une philosophie de l’erreur, du concept et du vivant. NP 23-24.
1985: DE IV, 776; Q II, 1596 : [new paragraph] On comprend pourquoi la pensée de G. Canguilhem, son travail d’historien et de philosophe, a pu avoir une importance si décisive en France pour tous ceux qui, à partir de points de vue si différents, ont essayé de repenser la question du sujet. La phénoménologie pouvait bien introduire, dans le champ de l’analyse, le corps, la sexualité, la mort, le monde perçu ; le Cogito y demeurait central ; ni la rationalité de la science, ni la spécificité des sciences de la vie ne pouvaient en compromettre le rôle fondateur. C’est à cette philosophie du sens, du sujet et du vécu que G. Canguilhem a opposé une philosophie de l’erreur, du concept du vivant, comme une autre manière d’approcher la notion de vie. EW 2, 477.
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