Richard Groulx, Penser la guerre avec Michel Foucault – Harmattan, two volumes, May 2025

Tome I: De la guerre des races au racisme d’État

Au fond de la politique, qu’y a-t-il sinon la guerre ? Et cette guerre, comment la définir ? Telles sont les questions posées par Michel Foucault dans son cours au Collège de France, Il faut défendre la société, comme une analyse des fondements de la conception raciste et exclusiviste de la société.
À la première question, il répond que la politique a été pensée depuis toujours comme un rapport de force. À la deuxième question, la réponse toujours actuelle ne manque pas de faire grincer des dents, puisqu’au fondement des batailles menées par la politique, que trouvons-nous sinon des « guerres de races » ? Renversant l’axiome de Carl von Clausewitz qui soutenait qu’avec la modernité « la guerre n’est que la simple continuation de la politique par d’autres moyens », Foucault affirme, au contraire, qu’aujourd’hui la politique est de plus en plus continuée par la guerre. À l’interrogation « sommes-nous à la veille de faire la guerre ? », il invite à se demander s’il est possible d’arrêter cette machine infernale.

Tome II Une nouvelle représentation de la guerre : le monde comme « champ de bataille »

Au sujet de la représentation des conflits comme « guerre des races », Foucault demande s’il est possible de filtrer la « violence barbare ». De la même façon, comment filtrer la « violence de l’État » ?
À la première question, il répond que le récit historique a produit trois filtres qui permettent de rendre compte à la fois de la monarchie absolutiste et de son épuisement jusqu’à la Révolution avec l’émergence de l’État-nation. À la deuxième question relative au racisme d’État et à l’État d’exception qui apparaît au nom de la « défense de la société », il reste plus circonspect, en particulier quant aux attentes placées dans l’espérance de la société assurancielle ou à l’égard de ce qu’il appelle le « chantage des Lumières ».
Les questions essentielles restant pour lui : comment arriver à se détacher de la représentation du conflit politique ou du dissensus intellectuel en termes de guerre ou de guerre des races ? À quelles conditions pouvons-nous renouveler la culture politique contemporaine ?